Coralie,
voisine, maître composteur
Jardinière urbaine, Coralie habite la barre Duguesclin, œuvre de l’architecte Jean Zumbrunnen. « Je suis bretonne, j’ai grandi aux pieds de paquebots, et en voyant l’échelle de ce bâtiment… j’avais une attirance » explique-t-elle. Si elle n’a pas l’impression d’habiter un monument, elle est consciente de sa valeur patrimoniale et historique. Qui commence à être reconnue : « Quand on a emménagé, il y a douze ans, on nous disait qu’on vivait dans une cage à lapins. Maintenant, c’est vintage ! » Tendance ou pas, cet appartement traversant Est-Ouest, avec ses deux loggias débordantes des plantes que Coralie fait pousser à foison, donne envie d’y emménager. Les voisins – 230 logements tout de même — appellent cette barre « la grande Maison ».
Coralie a une perception aiguisée du quartier de la Part-Dieu « Il y a tellement d’ambiances qu’on pourrait même dire « les Parts-Dieu. » Mais c’est qu’elle voit l’invisible, cela fait partie de son métier de maître composteur : elle voit le potentiel des déchets, les interstices dans les trottoirs, le pouvoir des gestes individuels. La Métropole de Lyon l’a missionnée pour développer le compostage citoyen, notamment sur l’espace public, et son rêve serait que Part-Dieu devienne un quartier compostant… À tous les niveaux, celui des toits en premier : « On peut regarder la skyline ou la chaîne des Alpes, mais quand on est en haut d’une des tours, on voit aussi pas mal d’évacuations de clim. « Alors qu’on pourrait créer avec le compost un sol « made in Part-Dieu » et y faire pousser plein de choses qui ne demandent qu’à se développer. » Pour que le gris, le vert et brun, le béton et la nature, le dur et le tendre, trouvent leur place au cœur de la ville.
Portrait réalisé par Bertrand Gaudillère du collectif Lyonnais ITEM